La Troisième Année, aka 3A pour tout sciences piste intégré, est sûrement l’année la plus attendue. Elle se fait obligatoirement à l’étranger, et devient donc automatiquement objet de tous les fantasmes. Il y a quelques mois encore à la question “Tu vas où en 3A”, j’imaginais toutes les possibilités qui s’offraient à moi, je n’ai pas tout de suite su quoi répondre.
Ce qui est intéressant, c’est que le projet de troisième année nous oblige à nous demander ce que l’on veut vraiment. On a le choix entre une année de stages, ou une année d’étude au sein d’une université étrangère partenaire.
J’étais d’abord convaincue de vouloir faire un stage. Vivre et voyager en Afrique, découvrir mon continent, être au soleil avec de la bonne nourriture, blablabla. Mais la réalité nous rattrape héhé. Déjà bon, ma mère avait son mot ( hmmm plusieurs mots même, vous connaissez nos mamans du pays là) à dire. Bon déjà pour elle, elle payait pour mes études, pas pour que j’aille faire un stage et me promener. Donc je n’avais qu’à “étudier seulement” comme elle me le demandait. Pour le prix qu’elle paye, elle s’attendait à ce que je profite des moyens des universités européennes. Argument solide, surtout quand tu sens la menace dans ses yeux. Très solide même.
Aussi, j’ai toujours trouvé ça intéressant comment ceux n’ayant pas vécus en Afrique imaginent plus facilement y voyager, que ceux qui y vivent, surtout quand il s’agit de ” road trips”. Quand on me dit ” Road Trip” en Afrique, certes j’adore l’idée, mais je pense tout de suite aux routes très males construites, qui font déjà souffrir mon dos pour un “simple” voyage Dakar-Tambacounda ( deux régions aux extrémités du pays), je pense à la chaleur intense, les petits pourboires et je ne sais quoi à glisser aux policiers, douaniers, croisés sur la route. Je pense aux risques d’agression, le fait que les routes ne sont pour la plus part pas éclairées de nuit, etc. Je pense à toutes les situations que j’ai déjà vécu à l’intérieur de Dakar même, et je n’ai pas forcémment envie de vivre la même chose à grande échelle.C’est dommage mais c’est comme ça que mon esprit a vu les choses.
Je me suis aussi dit que de toute façon, inshaaAllah, après mes études, je passerai le restant de mes jours en Afrique, et j’aurai les moyens de découvrir petit à petit, sans forcément passer par des road trips, en pouvant me permettre des billets d’avions. Les stages, je pourrai aussi en faire en césure plus tard. Bref, l’idée de voyager en Afrique pendant ma 3A, en mode “wouhou vive l’aventure”, ça devenait de plus en plus flou. Ceux qui me connaissent ou qui me suivent tout simplement sur snapchat savent aussi que je suis plus du type “wouhou netflix a de nouvelles séries disponnibles”.
Le choix de destination de cette 3A m’a donc poussé à me demander ce que j’attendais vraiment de cette nouvelle année. Au fond je ne me suis pas demandée “Où est ce que je veux aller ?” mais plutôt “Qu’est ce que j’attends de cette année?” et j’ai tiré mes conclusions de là. Je me suis rendue compte que je voulais une grosse, très grosse PAUSE. Je ne voulais plus du poids sur mes épaules, du stress, de la fatigue, des mid-terms, des soucis avec les titres de séjour, avec l’administration. Je ne voulais même pas la plus petite des responsabilités associatives ( fidèle à l’ASPA pour toujours , je ne voulais pas trahir fluent en anglais.
C’est ainsi que j’ai finalement choisi l’année d’étude, spécifiquement en Business School pour revenir prête en Master. Et j’ai choisi un petit coin de l’Angleterre pour être tranquille, loin de toute agitation, tout en étant assez proche de Londres pour socialiser quand j’en ai envie. Chose rare, je l’avoue.
Une année seule, où je n’ai pas envie de me faire de nouveaux amis. Des connaissances oui, découvrir les gens d’ici et leur culture, oui, mais je ne pense pas prendre le temps de construire une amitié, alors que je suis de passage pour quelques mois. J’ai les mêmes amis depuis que j’ai 8 ans, et depuis quelques un se sont ajoutés de Sciences Po, mais je n’ai pas envie de prolonger la liste. Quelques engagements solides me suffisent. C’est un choix, je l’assume et surtout j’en profite. De la tranquilité, des livres, de la musique, quelques séries, un peu de thé et juste 3 matières par semestre, qui sont toutes passionnantes. Mon paradis à moi, à mon image.Je suis ma propre priorité cette année, mon temps m’appartient.
Je pense que c’est ça la 3A. Une année que l’on sculpte à son image, ou à l’image de ses désirs.
Aujourd’hui, cela fait exactement un mois que je suis arrivée sur le campus de la UKC. La University of Kent se situe à Canterbury ( D’où le nom, University of Kent at Canterbury), petite ville à 45mn au Sud-Est de Londres. La photo qui illustre cet article est un des petits coins de la ville que j’apprécie. La ville est très agréable à vivre pour moi, et surtout très verte. Il y a des plantes partout, surtout sur mon campus. J’adore. J’aime le contact avec la nature, j’ai l’impression d’être purifiée chaque matin en ouvrant ma fenêtre. La nature me rappelle la magie de la vie, la chance extraordinaire que j’ai de respirer. Vivre tous les jours entourrée d’arbres, d’air frais. Rien que pour ça, je suis extrêmement heureuse de mon choix. Je profite de chaque moment.
Pour ma 3A, j’ai choisi de m’écouter, et je ne me suis pas déçue.
***** Mood du jour *****
Sur ce petit moment de “Moi je, moi je”, je vous laisse profiter de votre dimanche après-midi, de votre journée, ou de votre soirée, selon le moment où vous lisez cet article. Mais avant je vous propose mon “Mood du jour”. C’est simplement une chanson de notre Viviane Chidid nationale, qui me trotte dans la tête ces jours-ci.
Comme la grosse majorité des chansons sénégalaises, elle parle d’amour. L’histoire d’un amour non partagé. Elle l’aime, mais il ne le sait pas. “Wuyuma” signifie ” réponds moi”
Ce que j’apprécie c’est plus le rythme, la mélodie, que les paroles. So enjoy.
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