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Photo du rédacteurSama Queendom

“Tu comptes rentrer après les études?”

L’on me demande si je compte rentrer après mes études.

L’on me demande si j’accepterai d’être payée moins que mes frères et sœurs restés en occident. L’on me demande si j’affronterai l’indiscipline, la corruption, l’insalubrité, le poids d’une société omniprésente.

En tout cas je suppose que c’est ce que la personne en face de moi veut dire, lorsqu’elle me demande, avec prudence «Alors, tu veux travailler au Sénégal plus tard ? ».

«Tu ne préférerai pas le confort de l’occident ? Tes parents ne payent pas ces études pour rien. Tu ne travailles pas pour plus tard avoir un petit poste ». C’est ce que j’entends.

Mais Seigneur, Tu sais que mon cœur chante autre chose.

Mon cœur me chante que je l’ai laissé seul, quelque part dans Dakar. Il me rappelle que lui n’est jamais arrivé en Europe. Il me rappelle qu’il est resté muet, pétrifié, lorsque je montais dans cet avion il y a quelques années.

Il est resté.

Il me rappelle comment, chaque été, il attend de me retrouver. Il me rappelle que je ne vie vraiment qu’entre Juin et Septembre, que ce n’est que là que je me sens bien.

Chaque année, en vacance, je pense le récupérer. Je pense que cette fois ci il viendra. Je me dis qu’année après année, il finira par s’y faire, il finira par accepter de monter dans cet avion avec moi. Mais il refuse, je ne sais pas vraiment pourquoi. Il reste là-bas, près de ma mère, près de mon père.

Mon cœur n’a jamais quitté mon continent, mon pays. Il ne le quittera pas, que je le veuille ou non.

Il se nourrit de sable chaud et de rires d’enfants. Il se lave à l’eau de mer et se sèche à la lumière des sourires.

Il admire la démarche cadencée de cette femme qui traverse la rue. Il admire la Beauté Noire, L’œuvre  du Créateur. Cette peau couleur de temps, qui dans chaque recoin porte L’Histoire. Elle suffit, pour seul bijoux.

Dipped in Dark Chocolate, rubbed with honey and brown sugar.

Mon Cœur me rappelle toutes ces larmes versées, à l’idée d’être aussi loin de la Terre Mère.

Il me rappelle qu’au fond le confort de l’âme, le confort spirituel, n’est pas l’égal du confort matériel.

D’ailleurs, mon Âme a dû sentir que mon Cœur n’était plus là.

Cette Âme aussi ne se réveille réellement qu’à chaque vacance. Elle est en Mode Automatique. Elle s’émerveille de la Vie, mais uniquement pour tenir, je le sais.

Elle sait qu’elle ne peut pas me laisser tomber, elle aussi. Elle sait que si elle ne pense pas Positif, je m’écroule.

Seigneur, Tu sais.

Tu sais où est mon bonheur. Tu sais où se lèvent mes espoirs, Tu sais que je n’ai qu’une Terre.

Tu sais où mon Cœur se trouve et où mon Âme veut être. Tu sais où mes pieds me guideront toujours.

Tu sais qu’au fond il n’est pas vraiment question de salaire. Il est question de Paix.

Tu sais que je n’ai qu’une Paix. La Paix du Cœur.

Savoir que l’on ne me dévisagera pas parce que j’ai un morceau de tissu sur la tête de temps à autre. Savoir qu’il y a un endroit où ma couleur de peau ne me sera pas reprochée. Savoir que ma religion peut ne pas être perçue comme une menace, que je peux regarder le journal télévisé sans me sentir rejetée. Savoir qu’il y a un endroit où je ne serai jamais seule, où le Soleil brillera –littéralement- tous les jours.

C’est aussi savoir qu’il y a un endroit où je peux être utile et pas seulement utilisée. Une Terre où les routes sont à construire mais où les cœurs sont solides, en tout cas c’est ce que j’aime croire.

Peut-être que mon Cœur cherche toutes les excuses possibles pour que je n’oublie jamais. Il a réussi. Je n’oublie jamais.

Je peux sourire, je peux rire, je peux apprécier des beaux moments. Mais en réalité, chaque jour, je vie au rythme des assauts des vagues, au rythme des chants de pêcheurs.

Et mon cœur danse au Soleil, guidé par Youssou Ndour. Il se promène au marché HLM, repérant déjà les tissus que je vais acheter cet été.

Il m’envoie quelques raillons, quelques images, un peu d’espoir. Juste assez pour que je sache qu’au final, il n’y a qu’Une Terre où je vie, qu’une Terre où j’Aime, qu’une Terre que je veux aider à construire.

« Est-ce que tu comptes rentrer après les études ? »

Seigneur, dites-leur.

Comment rentrer, si je ne suis jamais vraiment partie ?

***

Les sénégalais connaissent sans doute tous déjà, et les non-wolophones vont au moins apprécier le clip et les parties en français.

Les paroles parlent en gros du retour au pays, du manque, de la nostalgie, du Bonheur d’être à la maison.

“Dans la grisaille, le froid, j’entendais ta voix. Me revoilà chez moi, là où je me sens Roi roi roi, Sénégal.”

J’ai déjà beaucoup parlé, et aujourd’hui je n’ai plus vraiment les mots. Un de ces jours où mon Coeur me rappelle encore beaucoup de choses.

So enjoy.


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