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Photo du rédacteurSama Queendom

Parle moi et je te dirai qui tu es : Mon accent me définit-il ?

Dernière mise à jour : 6 févr. 2022

La première fois que l’on m’a fait remarquer mon accent, c’était bien sûr a l’étranger.


Je devais avoir 11 ans, et j’étais très surprise. A l’arrêt de bus, alors que je parlais avec ma mère, quelqu’un a dit avoir reconnu mon accent sénégalais. Je n’y croyais pas, j’étais assez interloquée. Cela parce que chez moi, au Sénégal, j’étais justement complexée par le fait que mon accent fasse trop “Toubab”, malgré que je n’avais jamais vécu en France.


Alors après le premier choc, j’étais heureuse. C’était comme une confirmation de ma «  senegalesité ». C’est bien en grandissant que j’ai mis tout ça en relief, par l’introspection.

Une fois arrivée en France, il était plutôt question de mon “Manque d’Accent Africain” selon certains français. Vous savez cette fameuse question “Mais comment ça se fait, tu n’as pas trop d’accent quand tu parles français ?”.  Là, la différence se faisait par rapport aux mots employés, aux expressions purement sénégalaises ou Ouest-Africaines. Car on a beau parler “français”, la langue s’adapte autant que possible.


Mon premier choc sur ce plan d’ailleurs, chers sénégalais, a été d’apprendre que le mot ” brailler”, pour parler de la chemise que l’on met dans le pantalon, ne s’utilise pas dans les autres pays francophones.( Il vient peut être du mot “débrailler”, l’inverse serait donc “brailler)


Bref. En France, il était donc plus questions de mes expressions que de mon accent. L’effort fait pour ne pas effectuer de traductions littérales Wolof – Français, et pour évaluer quelles expressions et lesquelles ne le sont pas est délicat. Mais nécessaire au risque de ne jamais se faire comprendre. Sinon on finit par demander au boulanger un kilo de pain quand vraiment, on voulait juste une Baguette ( A Dakar l’expression ” 1kg” veut dire ” Une baguette”). Le chapitre suivant de ma relation avec mes accents et expressions s’est déroulé pendant mon année d’échange.


En Angleterre, on a rattaché ma façon de parler à la France. Je vous passe les rires gênés et explications pour faire comprendre que je n’étais pas française, mais que je parlais français, bien que ce n’était pas ma langue maternelle. Puis que j’étudiais en France, bien qu’étant sénégalaise, et qu’après l’Angleterre je devais repartir en France, pas rentrer au Sénégal.


Je m’attendais à revenir de ma troisième année en Angleterre avec un accent anglais quasi parfait. La réalité ? Si mon vocabulaire s’est bien élargit, si ma compréhension à l’orale est désormais bien satisfaisante, mon accent en anglais est ce qu’il y a de plus sénégalais. Et j’ai appris à accepter cela.


Mon but ne devrait pas être de me fondre dans la masse avec un accent européen comme soit disant signe de meilleure education. Mon but est de comprendre et de me faire comprendre, d’acquérir de nouvelles connaissances, sans pression.

Mes changements d’accent au fil des années ne remettent pas en question mes origines et ce comme quoi je m’identifie ou pas, peu importe comment les gens le percevront. L’homme a tendance à classifier les choses, c’est notre nature, et d’après la science c’est même un instinct de survie.

On utilise pour cela les gestes et paroles des autres. Sans même nous en apercevoir, nous les mettons dans des cases. Si cela peut être serviable parfois dans nos interactions, de nos jours cela devient de plus en plus risqué et discutable.


Certes, notre façon de parler, nos expressions, révèlent le milieu dans lequel l’on évolue, qu’on le veuille ou pas. Mais quand vous êtes le résultat, comme beaucoup, de nombreuses expériences dans différents milieux, on ne peut plus vous classifier par cela.


Après ma première année au milieu d’africains de mon programme d’étude à Paris, je suis rentrée à Dakar avec un mélange d’expressions ivoiriennes, togolaises et camerounaises, sans m’en rendre compte et sans parler des expressions parisiennes prises en cours de route.

Après mon année en Angleterre se sont ajoutés des mots en anglais par ci par là, sans faire attention. Et il est difficile parfois de contrôler mon language, mes expressions, selon mon audience, afin de me faire comprendre.


Quand je ne parle pas wolof, ici à Dakar l’on me prend souvent pour une étrangère venue de la sous-région. ” Heureusement que tu m’as dit que tu étais sénégalaise, sinon j’aurai parlé de toi en Wolof”. J’en ai entendu quelques unes dans ce genre.


Mais j’ai réalisé que le langage s’adapte lui même aux situations avec le temps, et je n’ai pas à en avoir honte ni peur. Ma façon de m’exprimer est la somme de mon éducation, mes expériences passées, de mes rencontres, mes voyages, et donc de tout ce qui fait de moi la jeune femme d’aujourd’hui. Par mes expressions, je ravive les souvenirs de tous ces moments passés, je fais honneur aux rencontres sur mon chemin. Et en même temps, je suis encore plus que cela.

Alors, ma façon de parler n’est pas une prison, elle ne me met dans aucune catégorie. Elle est au contraire le reflet de mes multiples dimensions.


Aujourd’hui, ma plus grande hâte est de découvrir l’accent que j’aurai demain.


*** Mood du Jour ***

Cet article dormait dans mes brouillons depuis plusieurs semaines, et dans ma tête depuis encore plus longtemps que cela. J’en ai d’autres, qui dansent dans mon esprit et n’attendent qu’à être mis sur papier. Ce sera fait, inchallah.

Je prends mon temps dernièrement, pour absorber chaque minute passée à Dakar. Pour grandir, apprendre, et surtout mieux me connaître. Sur ce dernier thème, je vous propose la merveilleuse chanson d’Adekunle Gold. Paroles et Clip à observer.

Paix sur vous les amis


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