Chaque jour vient avec son lot de questions lorsque l’on ne rentre pas dans le même moule que les autres, d’une manière ou d’une autre. Alors attaquons la question du jour.
Bon, certains me diront qu’il y a pire comme question. Ils me diront que c’est compréhensible. L’une des définitions du mot “Nhappy” comprend bien la contraction des mots “Natural” et “Happy” non ? Alors une “Nhappy” c’est censé être une femme qui porte ses cheveux naturels, et pas autrement, n’est-ce pas ?
Eh bien non. D’abord parce que, comme je l’ai expliqué dans un précédent article, toutes les femmes aux cheveux crépus n’ont pas envie d’êtres enfermées dans la case “Nhappy”. L’on a pas forcément envie d’être classée dans une catégorie précise, simplement parce que l’on préfère garder nos cheveux tels qu’ils poussent sur nos têtes. Certaines peuvent choisir de s’identifier à un mouvement, mais ce n’est pas le cas de tout le monde.
Personnellement, je pense que c’est souvent une question de “Phase”. Lorsque l’on se sent illégitime aux yeux de la société, le “mouvement” est souvent nécessaire, afin de se sentir compris, afin de revendiquer quelque chose que les autres refusent. Mais l’évolution naturelle est que, une fois que ce qui était une revendication devient accepté, le mouvement perd sa raison d’Être. Et il se trouve que chaque personne vie aussi ces phases à des moments différents de sa vie, et pas forcément en même temps que le “groupe”. Ces phases ne se passent pas toujours à un niveau «Macro ».
Par exemple, il y a quelques années, je me proclamais “Nhappy”, je venais de me couper les cheveux, j’avais besoin de m’appuyer sur quelque chose pour avancer. Avec le temps, c’est simplement devenu une partie de moi, que les autres acceptent car ils s’y sont habitués, et je ne vois plus l’intérêt de m’y identifier personnellement. Mais je peux bien voir l’intérêt que cela a pour d’autres femmes. Cela signifie que je ne me décrirai pas comme “Nhappy”, je me décrirai comme étant moi, sans aucune référence à un mouvement ou autre. Tout comme aujourd’hui, me réclamer de la Négritude n’aurait pas vraiment de sens, bien que je partage tout à fait l’idéologie de base. Tout est question de « Où est ce que je me situe dans mon évolution personnelle ? ».
Il serait donc déjà faux de penser que, parce qu’une femme noire a les cheveux crépus, elle s’identifie personnellement à un mouvement. C’est son choix, et il n’y a pas à choisir pour elle ce qu’elle est ou n’est pas.
Deuxième soucis: poser cette question revient à demander une justification. Et l’on ne devrait pas avoir à justifier ses choix capillaires en tant que Femme Noire. Cette question revient à demander ” Mais pourquoi tu es Toi ? Pourquoi tu ne te conformes pas aux règles et conditions qui semblent fixées ?”. Porter des faux-cheveux serait donc interdit à un certain type de femmes ? Car même si une femme s’identifiait au mouvement “Nhappy”, cela ne signifie pas qu’elle souhaite s’y enfermer, par l’application d’un certain nombre de règles.
Mettre des tissages et perruques ne signifie pas que l’on n’apprécie pas ses cheveux à l’état naturel. Les personnes qui pensent que si ignorent souvent tout ce que les cheveux crépus impliquent. Il faut du temps, surtout dans les débuts, beaucoup de temps. Et parfois l’on ne sait pas trop par où commencer, l’on n’a pas envie de se compliquer la vie, parce qu’au final, ce sont des cheveux right ? Mettre une perruque, un tissage, c’est un énorme gain de temps. C’est avoir le temps de se concentrer, de s’occuper des cours, des relations sociales, de sa famille, ses enfants, etc. C’est pratique. Et soyons sérieux, les gens qui pensent que vous ne devriez pas mettre de perruques ne viendront pas vous aider à faire des tresses tous les soirs, ou à vous coiffer le matin.
L’on peut préférer ne pas porter de Tissages/Perruques. C’est mon cas, je n’en ai jamais mis, je ne m’y sens simplement pas à l’aise, cela ne me correspondrait pas. Mais cela ne signifie pas qu’il faut stigmatiser celles qui font ce choix.
Dernier problème : parfois, en posant cette question, certains sous-entendent que ces faux cheveux ne sont pas assez “africains”. Encore une fois, l’on ressort le fameux tableau. Vous savez, celui sur lequel on note nos ” Points d’Africanité”. Déjà, pour moi, avoir cette réflexion, c’est avoir la Femme Blanche comme point de repère. C’est penser que tout ce que font nos Sœurs est fait pour tendre vers cette Femme Blanche là. Comprenez-moi bien, il y a bien un Complexe d’Infériorité, il existe. Certaines femmes sont complexées par leurs cheveux crépus et essayent de tirer vers les critères de beauté occidentaux.
Mais il serait faux de penser que c’est le cas de toutes les femmes noires. Il serait faux de penser que nous avons toutes ce complexe, au point où chacune de nos décisions y serait liée. C’est nous rabaisser, c’est dire que l’on ne sait pas prendre nos décisions par rapport à Nous. C’est penser que le Blanc est le Centre de toutes nos décisions.
Et si je vous disais que certaines femmes aiment simplement expérimenter, changer de style ? L’on peut simplement porter une perruque ou un tissage pour changer de style. Parce que l’on est libre de le faire, libre de choisir son style capillaire. Et cette femme-là, qui choisit de mettre une perruque, n’est pas moins africaine que moi. Elle est elle-même, à sa manière, et ce choix lui reviendra toujours.
C’est la beauté du Cheveux Noir : sa versatilité. Aucune coiffure ne nous est impossible au fond. Cette Femme Noire, qui s’assume, s’explore, expérimente, c’est celle que j’Aime profondément. C’est celle qui s’Aime.
C’est celle que vous ne pourrez jamais enfermer. Celle qui est en afro le Lundi, a un twist-out le Mardi, des tresses ce Mercredi, un attaché de foulard pour Jeudi, des cheveux bouclés pour Vendredi, et une perruque le Week-end. C’est celle qui est en Paix avec elle-même.
Il nous incombe de nous encourager, de nous supporter les unes les autres. Sisterhood . Avoir confiance en soi est difficile pour la plus part d’entre Nous, Jeunes Femmes, c’est une aventure. C’est regarder dans le miroir, et parfois grimacer. Parfois sourire. C’est essayer d’apprécier ce reflet, de l’embrasser, d’être notre propre point de repère. C’est tout faire pour s’Aimer, même les matins où les boutons se pointent et où les cheveux n’en font qu’à leur tête. C’est une bataille de tous les jours. Et si vous ne la vivez pas, respectez au moins celles qui s’y sont engagées. L’on ne vous demande pas de les aimer, mais de les laisser s’aimer.
*** Mood du Jour ***
Alors aujourd’hui, vous l’aurez remarqué, je suis vraiment dans un mood Sisterhood/Black Empowerment.
Et dans ce domaine, j’ai découvert une Reine : Lizzco. Une Femme Noire, plus-size, qui déborde d’une Confiance en Elle incroyable. C’est elle que vous pouvez voir sur l’image accompagnant cet article. Je vous conseillerai de découvrir ses autres chansons, particulièrement “Coconut Oil” dans laquelle certaines se retrouveront.
Des paroles qui vous donne envie de sortir et conquérir le monde, de profiter de la vie, de montrer qui vous êtes. De vous aimer.
Et un grand merci à ma Soeur Myriam pour cette superbe découverte, pour m’avoir rappelé que Nous étions toutes des reines, peu importe ce que nous faisons de nos cheveux.
“I’ma do my thing, no apologies Coconut and rose in my skin regime
” ‘Scuse me while I feel myself.”
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