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Photo du rédacteurSama Queendom

“Excusez-moi, vous êtes bien Noire n’est-ce pas ?”

Je vous vois déjà venir, et je vous rassure : l’on ne m’a pas posé cette question.

Du moins pas directement.

Elle illustre simplement une idée, ou plutôt une situation, que je vie de plus en plus souvent depuis mon arrivée en Angleterre, et que je ne vivais pas de la même manière en France :

Les Noirs qui viennent me parler parce que je suis Noire.

Vous me direz, «Mais comment peux-tu être certaine qu’ils viennent te parler parce que tu es Noire ?».

Pour illustrer, je vais vous raconter deux petites expériences que j’ai vécu ici, sur le campus.

La première s’est déroulée il y a un petit moment déjà. En allant à un de mes cours, une autre étudiante, Noire, m’arrête. Avec un sourire, elle s’excuse, et me dit qu’elle est heureuse de croiser une jeune fille noire par ici, près de sa résidence. Elle rajoute que si cela ne me dérangeait pas, on pourrait discuter sur le chemin. C’était dit si naturellement que je ne savais pas quoi répondre.

Je n’imaginais pas me faire accoster en France avec une phrase du type «Excusez-moi, je suis heureuse de vous croiser parce que vous êtes Noire, est-ce qu’on peut discuter ?». J’aurais sûrement réfléchi à deux fois avant de répondre à cette personne, et si je l’avais fait, ce serait peut-être pour la questionner sur sa santé mentale.

Mais là, je me suis dit que je n’étais pas en année d’échange pour rien, et que ce genre de rencontre était ce qui faisait l’intérêt même du voyage. Alors j’ai été heureuse de lui répondre qu’il n’y avait aucun problème à ce que nous discutions. En fait j’étais même assez heureuse de cette rencontre, c’était drôle et rafraichissant.

Devinez notre premier sujet de discussion….*Roulement de tambour* :

Nos origines africaines.

Elle m’explique qu’elle est d’origine congolaise mais vie en Angleterre depuis très petite. S’en suit une discussion sur le fait qu’elle ne se sente pas à l’aise avec les «Blancs» sur le campus et qu’elle sent clairement un Gap Culturel. Je la comprends.

Quand je lui dit que je suis du Sénégal, elle m’explique qu’elle connait deux Noirs Francophones qu’elle pourrait me présenter. Je souris.

Nous nous séparons au moment de rejoindre nos cours respectifs, et je me suis longtemps demandée si cette rencontre était «normale» en Angleterre. Je n’ai toujours pas de réponse.

Je sais juste que c’était drôle, intéressant, et que cela m’a fait réfléchir, encore une fois, à ce que cela voulait dire d’être Noir sur un plan culturel. C’est très flou pour moi. Vous me direz qu’il n’est pas plus simple de définir une Culture Africaine, mais là j’ai moins de mal à m’imaginer une Culture Commune, c’est déjà un tout petit peu moins large.

Mais lorsque l’on me dit Culture Noire, en dehors du contexte des Etats-Unis, à quoi suis-je censée penser ? Est-ce que cela existe vraiment ? Suis-je censée m’identifier à un Noir Européen, qui a grandi en Europe, loin de mes réalités africaines ? Avons-nous vraiment tant de ressemblances que cela ?

Je ne pense pas que l’on puisse parler de toute une Culture, car il y a bien trop d’exceptions, d’expériences différentes, de réalités multiples. Je pense simplement que l’on partage parfois certaines expériences au quotidien, dans la société occidentale actuelle. Pour certains l’on partage une indignation, des peurs, mais aussi un Espoir. L’Espoir de ne pas être discriminés lors d’un entretien d’embauche. Peur d’être jugés par les personnes qui ne savent pas ce que c’est d’Être «Nous» dans la société actuelle.

Je pense que ces «Peurs» partagées surtout peuvent jouer un rôle important ici.

Je m’explique, en vous racontant ma deuxième expérience.

J’étais en bibliothèque, lorsqu’une jeune femme, là encore Noire, m’a demandé de lui garder sa place. Vous me direz que cela a l’air tout à faire normal.

Sauf qu’il y avait environs 7 places, toutes occupées par des hommes blancs, entre la place de cette jeune femme et moi. Elle a visiblement voulu me demander à moi, spécifiquement. Elle a aussi jugé important de me préciser qu’elle s’absentait pour aller à l’église en face (étant donné qu’en Angleterre Mosquée et Eglise sont présentes sur le Campus). Elle a vraiment insisté sur ce point, me répétant qu’elle avait besoin de prier. J’ai évidemment accepté. Et je ne sais pas, mais j’avais cette impression qu’elle se sentait plus en sécurité en me demandant à moi. Elle me faisait plus confiance, sans me connaître.

 Avait-elle peur ? Si oui, de quoi ? Pourquoi ne pas avoir demandé à l’homme blanc à côté d’elle ? Là encore, je me suis dit que c’était peut-être «normal» ici, ou plus accepté.

J’ai remarqué que sur le Campus, l’on ne peut pas vraiment dire que les différents groupes soient très «diversifiés» pour la plus part. Je vois, le plus souvent, les noirs avec d’autres noirs, en groupes. Ou alors entre minorités.

Ont-ils à ce point peur du racisme, du jugement, d’une non-compréhension, de la part des personnes ne faisant partie d’aucune minorité visible ? Pourtant je trouve les anglais très compréhensifs, très accueillant par rapport aux différences de chacun. En tout cas lorsque l’on quitte la France, c’est quelque chose qui frappe.

Pour les musulmans par exemple, la mosquée de l’Université où je suis a été construire en 1996. L’on attend encore de simples salles de prières dans les universités en France, où beaucoup doivent se cacher pour prier.

Je note aussi qu’ici personne ne voit de problème à ce qu’une association se nomme «Association des Noirs de l’Université de X». Evidemment, je sais que c’est commun aux Etats Unis par exemple, et dans pas mal de pays à tradition anglophone. Mais c’est intéressant de voir comment cela est normal en Angleterre, mais fait grincer pas mal de dents à l’autre bout de la Manche.

Alors, si la société elle-même est plus compréhensive, pourquoi les minorités d’ici ont tout de même ce besoin de rester entre eux ? Se sentent-ils si différents que cela ?

Je pense qu’ici l’on fait sentir à chacun qu’il est libre de célébrer sa différence justement, et de l’assumer. L’on s’organise pour partager des expériences, pour discuter, vu que c’est encouragé. Mais du coup, finalement, j’ai l’impression que l’on devient très proches de personnes dans ce même «Groupe de Partage», et l’on a du mal à être proches de personnes en dehors.

Il est à noter que cela peut dépendre des villes et des différentes universités, je suppose que Londres est un véritable Melting Pot, comparé aux petites villes comme celle où je suis. Mais par rapport à la taille de la ville, je trouve ce Campus très diversifié, je m’en étonne d’ailleurs souvent.  Rien que par rapport à mes professeurs, je n’en ai qu’un qui soit anglais. Là encore, en comparant à la France, je me suis demandée à quoi cela était-il dû exactement. J’ai été encouragée à inclure, dans mes travaux académiques, des références à mon pays d’origine ou ma religion, si mes sources étaient solides.

En bref, si l’Angleterre accueille relativement bien les minorités, pourquoi ces dernières s’isolent-elles pas mal quand même ?

Vous me direz que je pose beaucoup de questions et donne très peu de réponses. En réalité j’écris cet article en espérant recevoir des retours d’expériences, afin de mieux comprendre. J’écris parce que ces rencontres ont été intrigantes pour moi, et il me tenait à cœur de les raconter.

Il y a exactement un an aujourd’hui, j’apprenais que j’étais finalement acceptée dans cette petite Université au Sud-Est de Londres, pour mon année d’échange. J’étais très impatiente, j’avais réellement besoin de cette Pause. Et je suis heureuse, un an après, d’avoir le temps de parler à des inconnus, d’avoir le temps de me poser des questions sur mon identité et sur les différences entre Humains, heureuse d’avoir le temps de vivre simplement. J’espère simplement étendre l’expérience à travers ce blog.

****  Mood du Jour ****

Assez de Blabla, place à un peu de musique pour illustrer mon «Mood» du jour.

Cette fois-ci encore, je vous présente une chanson sénégalaise du groupe Daara-J. Le titre est à moitié en anglais et à moitié en Bambara, et signifie simplement «Femme Africaine». Les paroles sont majoritairement en anglais, bien que les parties en Wolof soient les plus belles à mes yeux.

Elles chantent simplement la force de ces femmes malgré toutes les pressions qu’elles subissent et tout ce que l’on exige d’elles.

J’aime le rythme, les paroles, et surtout le clip : il met de bonne humeur et est de très bon goût, pas du tout vulgaire contrairement à beaucoup de clip de nos jours. C’est rafraichissant. Et de plus, Daara J a invité dans ce clip toutes mes youtubeuses sénégalaises préférées. Je ne peux qu’adorer.


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